la chute

Le 13 avril 2015, je suis en vacances pour une semaine dans la maison familiale de l'Ariège avec mon fils, ma sœur, mon beau-frère, leurs enfants.

Le soleil brille, la nature s'éveille, l'air non pollué en cette région reculée de France aux pieds des Pyrénées, est léger et se propage avec allégresse dans nos poumons, les odeurs envahissent nos narines.

Et moi, je m'effondre : je pleure souvent et longtemps, j'ai mal partout dans le corps, au dos, dans les mains et les doigts, dans les jambes, dans les pieds. Tout geste de la vie quotidienne est un fardeau tellement lourd à porter : à commencer par me lever, me laver, dire bonjour, faire les courses, prendre le voiture, etc...

J'ai besoin souvent de m'isoler pour pleurer puis me ressaisir et aussi pour dormir l'après midi.

Mais ces moments de calme profond ne me reposent pas, ne m'apaisent pas. Ils sont plutôt comme un gouffre dans lequel je plonge volontiers pour ne pas voir l'état dans lequel je suis. Alors, chaque réveil est de pire en pire.

J'ai le réflexe salvateur de téléphoner à ma psy, je l'appelle au secours, je suis en pleurs, en sanglots, je ne comprends pas, je m'accroche à ses paroles comme à des bouées. Et comment vais-je reprendre lundi au travail, COMMENT ?

J'ai aussi Clémentine, mon amie, qui m'écoute et entend mes mêmes questions, COMMENT vais-je aller travailler lundi ?

A ce moment là, je ne comprends pas encore que je suis en train de m'effondrer et que mon corps lâche et me dit STOOOOP !

Je ne me reconnais pas, je ne comprends rien, j'ai affaire à une inconnue, rien ne répond comme d'habitude, rien ne veut répondre. Et ma volonté ? Et ma pugnacité, et ma force habituelle ? Où sont-elles passées ? Qui suis-je devenue, qui est ce corps qui ne m'obéit plus ? Quelles sont ces sensations émotionnelles et corporelles que je n'ai encore jamais eues : une telle fragilité, une telle impuissance face à l'acte le plus anodin d'une journée de vacances sensée apporter plaisir, douceurs, délectation ?

Quand arrive le vendredi je commence à penser que je ne retournerai peut etre pas au travail lundi matin, ce qui me plonge dans la CULPABILITE la plus sombre jamais vécue. Et le samedi, alors que je suis en ligne avec ma psy, une fois de plus, je comprends que je n'aurai pas la force d'aller travailler ce lundi matin.

Cela s'est produit il y a désormais 15 mois. Je ne suis pas retournée travailler depuis.

J'ai pourtant entrepris un autre travail, différent de celui que l'on entend habituellement, un travail de fond, un remaniement total de mon être, un travail de longue haleine, de toute une vie, que la vie m'a invitée à entreprendre sans délais.

Avant de prendre connaissance de l'outil "Je guéris chaque jour", je veux vous dire que "ON S'EN SORT", accrochez vous à cette phrase, accrochez vous à toute lueur d'espoir fusse-t-elle fragile et petite. Car un des enseignements de cette transformation est que « tout est petit et tout est grand ». Donc accrochez vous à la plus petite lueur. Pour moi, ce fut la redécouverte du goût et du plaisir de déguster un dessert à la noix de coco en compagnie de mon fils un jour de l'été 2015. A ce moment précis, je compris que la vie ne m'avait pas désertée, qu'il restait une lueur en moi à attiser, à faire briller.

Tout est possible. Tout - est - possible

juillet 2016